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Au Diable la Foi

Chapitre 16 : changeante ou inéluctable destinée

 

Dans la Grotte souvent appelée Enfer, dans un foyer autrefois peu utilisé, grandissaient deux enfants.

L'un avait la peau très pâle et les oreilles d'une forme étrange, tandis que l'autre avait la peau sombre et ressemblait plus à un enfant ordinaire, en dehors de la cicatrice en forme de croix qui barrait son torse. Aucune ressemblance physique n'aurait pu inciter à les prendre pour des frères, et eux-même savaient bien qu'ils n'étaient rien de cela, malgré leur affection mutuelle.

Lanzo était principalement élevé par Klaus qui, malgré la mort de l'homme qu'il devait protéger, n'avait jamais quitté les lieux. Cirillo, de son côté, recevait surtout l'attention d'Antenore, propriétaire des lieux.

Si Klaus jouait le rôle d'un père pour Lanzo, le grondant quand il faisait des bêtises ou lui racontant des histoires pour dormir, Antenore ne partageait pas ce genre de relation avec Cirillo. Le vampire ne l’ignorait pas pour autant : il l'écoutait raconter sa journée, le prenait dans ses bras ou lui offrait, de temps à autre, un geste tendre qui ne manquait jamais de troubler le cœur du garçon.

Car plus il grandissait, plus les sentiments de Cirillo devenaient confus, alors que s'éveillaient dans son esprit les certitudes et les souvenirs de ses vies précédentes.

Il se retrouvait alors déchiré entre son devoir de faire du mal à Antenore et son amour sincère pour le vampire. Cette contradiction était parfois si douloureuse et déstabilisante qu'il en pleurait. Dans ces moments là, seule l'étreinte d'Antenore parvenait à le calmer et le rassurer. Il oubliait alors ses instincts meurtriers qui ne semblaient plus avoir lieu d'être et parvenait, au moins un temps, à mettre de côté son passé de Chasseur. Pourtant, son âme était ternie par l'accumulation des vies, menaçant son quotidien en permanence, et il craignait à chaque instant que cède le fragile équilibre qu'il tentait de maintenir tant bien que mal.

Les deux enfants s'entendaient bien, malgré leur différences, enfermés dans les deux pièces où ils avaient grandi.

Aucun n'avait réellement conscience que leur enfance n'avait rien d'ordinaire, ils ne se posaient même pas la question. Ils n'étaient pas malheureux, ne souffraient ni de maladie, ni de maltraitance. Des adultes leur apportaient à manger ou s'occupaient d'eux, et ils avaient des occupations quotidiennes. Ils ne demandaient rien de plus.

Seulement, leur enfance n'était pas ordinaire. Les adultes qui les élevaient non plus. C'est à la puberté qu'ils se rendirent compte de cela.

Lanzo fut le premier à connaître l’adolescence, non seulement parce qu'il était né le premier, mais également parce que sa croissance était légèrement accélérée du fait de son espèce. Klaus et le golem lui permettaient parfois de monter à la surface et de se mêler aux humains, à condition qu'il garde ses oreilles cachées. Il s'était fait quelques amis, et très vite il s'était rendu compte que son lieu de vie (qu'il devait garder secret) n'était pas la seule chose qui le différenciait d'eux.

Eux, ils avaient un père et une mère, parfois des frères et sœurs, ils allaient à l'école et n'avaient aucune capacité spéciale. Ils ne se transformaient pas en loup comme Klaus, ne souffraient pas du soleil comme Antenore, n'avaient pas des souvenirs de vie antérieures comme Cirillo et ne se nourrissaient pas en donnant du plaisir comme Arnaud. Ils étaient simplement là, naissant, mangeant, dormant, vivant puis mourant une fois vieux, dans un cycle rarement contrarié autrement que par des accidents ou des maladies précoces.

Cette découverte mis Lanzo assez mal à l'aise. Il lui fallut un certain temps pour assimiler le fait qu'il n'était pas comme les autres enfants, que sa famille n'était pas comme les leurs, mais que cela n'enlevait rien à l'amour qu'il avait pour eux.

Ce fut bien différent pour Cirillo.

Contrairement à Lanzo, il ne réalisa pas sa particularité de lui-même, ce fut Antenore qui la lui fit découvrir.

Car le vampire avait patiemment attendu qu'il grandisse et qu'il devienne assez mâture pour faire avancer sa relation avec lui. Et enfin, après quinze années, il décida que c'était le cas.

.

Antenore avait décidé d'amener Cirillo chez Arnaud, ne désirant pas que Lanzo ou Klaus soit au courant de ce qui allait se passer entre eux. L'incube n'avait pas fait d'histoire quand Antenore lui avait demandé de lui prêter sa chambre pour la journée, et était parti faire un tour à la surface pour leur laisser quartier libre.

Antenore et Cirillo étaient donc seuls dans la petite chambre aux draps de soie rouge et à la lumière tamisée. Antenore s'adressa à l'adolescent :

— Assieds toi, Cirillo.

— Sur le lit ?

— Vois-tu une chaise quelque part ? Demanda Antenore avec un sourire mutin.

Il n'y en avait pas, alors le garçon alla s'installer sur le matelas, les genoux serrés et les mains sagement posées sur ses cuisses. Antenore, par contre, resta debout face à lui, le regardant intensément.

— Comment sont tes visions en ce moment ?

— Elles sont de plus en plus fréquentes, répondit le garçon. Mais c'est surtout quand je dors, en journée, ça va.

— Que te disent ces visions, sur moi ?

Cirillo baissa la tête. Il ne voulait pas répondre à cela, Antenore le voyait bien, mais il insista jusqu'à le faire parler :

— Elles disent que je dois te tuer. Elles ne disent pas pourquoi, mais par contre, elles me donnent plein d'idées pour comment le faire. Dis-moi, Antenore… J'ai… J'ai essayé de te tuer plein de fois, pas vrai ? Avant.

— Effectivement, répondit Antenore en s'accroupissant devant lui. Mais tu as fait cela parce que l’Église t'y a poussé. Aujourd'hui, penses-tu que tu pourrais me tuer, si je t'en laissais l'occasion ?

Cirillo écarquilla les yeux alors qu'Antenore sortait un long couteau à double tranchant et le posait en travers de ses cuisses. C'était une arme magique, capable de le blesser sérieusement et même, dans les mains d'un Chasseur expérimenté, de le tuer. Et pourtant, malgré ce danger, Antenore restait en équilibre précaire sur demi-pointe, les avants-bras posés l'un sur l'autre sans même prendre une position défensive. Il laissait à Cirillo la possibilité de l'attaquer !

— Bien sûr que non ! S'exclama le garçon en sentant ses mains trembler.

— Même si je te promets que je ne me débattrai pas, que je te laisserai aller jusqu'au bout ?

— Enlève le, s'il te plaît ! Enlève le !

Antenore prit le couteau et le retira des cuisses de l'adolescent, le jetant plus loin. Cirillo tremblait toujours, et dès que l'arme rebondit sur le sol, il fondit en larmes.

Rapidement, le vampire le rejoignit sur le lit et le prit dans ses bras, le berçant tendrement contre son torse. Cirillo s'accrocha aussitôt à la chemise de son aîné, secoué par le torrent d'émotions qu'il réussissait de moins en moins à contrôler lorsque le vampire le mettait face à ce genre de test.

— Je suis désolé, je ne voulais pas te faire de mal. Arrête de pleurer.

Incapable de lui obéir, Cirillo se colla un peu plus contre Antenore. Ce dernier finit par laisser ses mains descendre le long de son dos, jusqu’à saisir ses cuisses dans un toucher si intime que n'importe qui en aurait été gêné.

Cirillo, lui, remarquait à peine ce que l'homme qui l'élevait faisait. Il aurait été dans tous les cas incapable de dire que ce n'étaient pas des gestes acceptables, vu leur relation ne ressemblant en rien aux rapports entre un père et son fils. Parce que Antenore n'avait jamais considéré Cirillo comme son enfant, et Cirillo ne savait pas vraiment ce qu'était un parent.

Le garçon se retrouva sur les genoux d'Antenore, les jambes de part et d'autre de ses hanches. Il passa ses bras autour de son cou, tandis qu'Antenore frottait doucement son nez contre la gorge du Chasseur, inspirant l'odeur caractéristique du garçon qui l'avait poursuivi des siècles durant avant d'en arriver là.

Peu à peu, Cirillo reprit son calme mais ne tenta pas de se dégager du contact plus intime que d'ordinaire. Quand Antenore s'en rendit compte, il reprit la parole d'une voix douce :

— Tu as grandi si vite… Tu sais, j'avais à peu près ton âge lorsque j'ai été mordu.

La phrase n'était pas anodine, et Cirillo n'eut aucun mal à s'en rendre compte. Et sûrement grâce à leur position, il comprit également le sous-entendu.

Il ne réagit pas tout de suite pour autant. Il savait ce que signifiait être un vampire, pour Antenore. Il savait également ce qu'il pensait de l'immortalité. Cirillo l'avait souvent entendu parlé de ce qu'était la mort, de son importance, de sa nécessité pour se sentir en vie. Pourtant, c'était bien l'immortalité vampirique qu'il lui proposait aujourd'hui.

— Tu veux être avec moi pour toujours, c’est ça ? murmura l’ancien Chasseur doucement.

Une des mains d'Antenore remonta le long de sa colonne vertébrale jusqu'à se perdre dans ses cheveux.

— Je serais avec toi pour toujours dans tous les cas, répondit Antenore. La vraie question est de savoir si tu veux me combattre pour l'éternité, ou si tu préfères vivre à mes côtés pour tout ce temps ?

Un frisson secoua le ventre puis tout le reste du corps de Cirillo, encore une fois déchiré par les deux parts de son être.

Il savait que, avant, il avait été entièrement Chasseur et avait poursuivi Antenore à travers les époques, à travers toute l’Europe… Il en était devenu fou, inhumain, sans jamais être heureux. Alors qu'ici, à ses côtés, il avait appris ce qu'était le bonheur, il redevenait humain, avec des pensées, des désirs, des attentes, des peurs… Dans cette vie, il avait pu redevenir lui-même, et bien plus encore. Il avait pu être vivant. C'était cela, qui importait au garçon.

Alors, sans un mot, Cirillo pencha légèrement la tête de côté, dégageant sa gorge. Il se rendit entièrement à Antenore pour le laisser faire ce qu'il voulait de lui. Il tremblait encore un peu, mais il n'avait plus peur. Il savait ce qu'il voulait.

La main dans ses cheveux le plaqua contre une bouche grande ouverte tandis que son bassin était poussé contre celui d'Antenore. Puis, brusquement, les dents déchirèrent sa peau et la morsure vint, intense.

Cirillo crut mourir tant la douleur était forte, et il mourut un peu effectivement.

Mais c'était pour mieux renaître.

.

Lanzo marchait dans les rues ensoleillées en compagnie d'Arnaud, silencieux.

Quand l'incube lui avait proposé d'aller faire un tour dans le monde des humains, Lanzo avait accepté sans réfléchir, mais à présent il se posait des questions sur les motivations de son ami, car ce dernier n'arrêtait pas de se perdre dans ses pensées. Lanzo se demandait sérieusement ce qui le préoccupait à ce point, mais il n'osait pas lui poser la question directement. Arnaud semblait bien trop troublé pour que Lanzo sache quel comportement adopter.

Au final, il lui proposa de s'arrêter dans un parc et l'incube accepta sans vraiment y penser, suivant le changelin quand ce dernier bifurqua vers un petit coin de verdure.

Dès qu'il trouva un banc à son goût, c'est-à-dire suffisamment isolé des familles et des adolescents se prélassant sur la pelouse, Lanzo les fit s'asseoir. Il se colla aussitôt à son ami, ayant besoin autant l'un que l'autre de contacts physiques de part leur nature. Ils profitèrent alors un moment du soleil sur peau et des bruits agréables de la vie, des rires des humains au vent dans les feuilles.

Cependant, en entendant Arnaud pousser un énième soupir, Lanzo fini par craquer et lui demanda :

— À quoi tu penses comme ça ?

— À rien de spécial, répondit l’incube en mentant effrontément.

— Vraiment ? Cela n'a rien à voir avec ta proposition de sortie aujourd'hui ?

— Et bien, Klaus est occupé avec la meute pour la pleine lune de ce soir, pas vrai ? Tu te serais senti seul si je n'étais pas venu te voir.

— Tu sais parfaitement que cela ne me gêne pas de rester avec le golem un jour ou deux. Alors dis-moi.

Arnaud expira fortement, encore, et consentit à lui avouer :

— Antenore m'a demandé de lui laisser ma chambre, et comme je n'étais pas vraiment d'humeur à chasser, j'ai préféré te demander de faire un tour avec moi.

Lanzo fronça les sourcils, étonné par la déclaration. Il était rare qu'Arnaud ne soit pas d'humeur à batifoler. Et c'était encore plus surprenant qu'Antenore aille dans la chambre d'Arnaud, sans Arnaud pour « jouer » avec lui. Curieux, Lanzo demanda donc :

— Il fait quoi, dans ta chambre ?

L'incube haussa les épaules en détournant le regard, ne voulant de toute évidence pas lui en dire plus.

Mais Lanzo n'avait pas pour habitude de laisser qui que ce soit lui dissimuler des informations qu'il désirait. De plus, être un changelin était un vrai don dans ce genre de situation, parce que Lanzo n'hésitait jamais à se servir des capacités qu'il avait obtenues en grandissant. Et surtout, il n'hésitait jamais à retourner les forces des autres contre eux, quand cela pouvait lui servir.

Il n'eut qu'à glisser une main sur sa propre cuisse en la remontant lentement vers le haut pour qu'un frisson de plaisir se change en une attaque pour l'incube à ses côtés. Presque aussitôt, Arnaud se détacha de son contact en s'exclamant :

— Je t'ai déjà dit de ne pas faire ça !

Malgré ses protestations, il semblait beaucoup plus détendu que précédemment, et quand Lanzo posa de nouveau sa question, il consentit à y répondre :

— Il va essayer de savoir si son travail depuis des années a porté ses fruits. Et avant que tu me demandes de quel travail il s'agit, je…

— Je sais de quel travail tu parles. Je ne suis pas stupide, tu sais, et j'ai de grandes oreilles.

Et pas seulement littéralement, se dit-il en les agitant de haut en bas, profitant qu'elles soient dissimulées sous sa large casquette.

— Cirillo était son Chasseur, avant. Ça veut dire qu'il essayait toujours de tuer Antenore. Donc Antenore l'a adopté pour voir s'il voudrait toujours le tuer ou s'il le verrait comme un père.

Acceptant finalement le contact, Arnaud revint plus près de Lanzo et passa son bras autour des fines épaules du garçon.

— Ce n'est pas tout à fait cela, démentit-il d'une voix légèrement fatiguée.

— Alors où est-ce que je me trompe ?

— Il ne veut pas être vu comme un père, si tu vois ce que je veux dire.

Il fallut plusieurs secondes à Lanzo pour comprendre, et il se sentit bêtement gêné en réalisant ce que cela signifiait.

Cela faisait pourtant longtemps qu'Arnaud lui avait appris le sexe, ce qu'il signifiait pour les humains, pour les incubes et pour les créatures en général. Lanzo avait même déjà quelques expériences à son actif. Il savait parfaitement que Antenore, avec ses siècles d'existence, avait déjà dû coucher avec plein de personnes. Lanzo avait même rencontré l'une d'entre elle, l'ensorceleuse qui lui avait donné la vie. Il le savait donc pertinemment.

Mais là, ce n'était pas pareil. Il avait grandi avec Cirillo, il se rappelait encore de lui quand il était tout baveux et qu'il ne pouvait pas aller aux toilettes tout seul. À cause de cela, il avait plus ou moins l'impression de connaître toutes les versions de son ami. Sauf qu'il se rendait compte à présent qu'il lui en manquait une, et pas des moindres. À ses yeux, Cirillo était encore un enfant, il était donc inconcevable qu'il aie des rapports sexuels avec qui que ce soit, encore moins avec un vampire comme Antenore !

Sous le regard attentif d'Arnaud, Lanzo se força à réfléchir calmement à la situation.

C'est vrai, Cirillo était encore jeune, mais il avait déjà quinze ans. À cet âge-là, Lanzo se masturbait et avait déjà assisté à un ''repas'' d'Arnaud. De plus, Cirillo avait accès à des souvenirs de ses précédentes vies, où il avait sûrement déjà expérimenté une ou deux pratiques charnelles.

Et puis ce n'était pas comme s'il le faisait avec le premier venu. Après tout, Antenore lui était plus ou moins destiné, même si cela ne concernait originellement pas ce genre de relations. Et vu la nature de leur lien, il était sûrement impossible qu'ils soient plus proches de quelqu'un d'autre.

— Tu es choqué ? Demanda finalement Arnaud en coupant court à ses pensées silencieuses.

— Je n'avais pas remarqué à quel point Cirillo avait grandi.

— Il n'a qu'un an de moins que toi, tu sais.

— Oui, mais il est humain, lui. Son développement est censé être beaucoup plus lent que le mien…

Arnaud lui caressa la tête dans un geste réconfortant, comme lorsqu'il n'était qu'un enfant. Cependant, Lanzo se rappela très vite du début de leur conversation :

— Et pourquoi ça te trouble, toi ?

Arnaud eut aussitôt l'air gêné et sa main s'immobilisa. Lanzo écarquilla les yeux en analysant les émotions qui se dégageaient de l'incube.

— Tu es jaloux ? S'étonna-t-il avant de s'exclamer : Oh non, ne me dis pas que tu es amoureux d'Antenore ?

Agité d'un petit rire, Arnaud secoua la tête de gauche à droite, l'air un peu plus à l'aise. Lanzo dut réitérer sa technique de se donner plaisir, plus subtilement cette fois, pour réussir à lui délier la langue.

— Je ne suis pas amoureux d'Antenore, mais c'est vrai que je suis jaloux d'eux. Parce que celui que j'aime préfère éviter le moindre contact avec moi, même si on vit à côté.

— Oh…

— Ne le répète pas à Klaus, surtout.

Lanzo secoua énergiquement la tête de gauche à droite, promettant son silence.

Il était surpris. Jamais il n'aurait imaginé qu'Arnaud éprouve de pareils sentiments pour le gardien de son père. Mais maintenant qu'il y pensait, il avait souvent vu le regard de l'incube s'attarder plus que nécessaire sur Klaus, sans parler de toutes les fois où il se démenait pour satisfaire ses désirs, même les moins importants, simplement pour entendre un merci embarrassé de la part du loup-garou.

À présent, cela lui apparaissait évident. Par contre, ce qui l'étonnait était qu'Arnaud soit si défaitiste sur sa situation. Même si Klaus avait du mal à avoir des contacts physiques avec l'incube, il l'appréciait ouvertement. De plus, il n'avait jamais manifesté le moindre intérêt pour qui que ce soit d'autre à la connaissance de Lanzo.

— Tu devrais tenter ta chance, tu sais, lui dit-il.

Arnaud eut un sourire triste et secoua la tête de gauche à droite. Jamais Lanzo ne l'avait vu aussi résigné.

— Je n'ai aucune envie que notre relation prenne cette direction.

— Je ne comprends pas, avoua Lanzo.

— Les choses vont ainsi pour les incubes. Peut-être qu'un jour, je te raconterai.

Mais Arnaud ne lui raconta jamais.

.

Dans la Grotte dansent les flammes

Les feux des cœurs, les feux des corps.

Le Destin est déjoué pour les uns

Alors qu'il reste immuable pour d'autres.

Dans la Grotte, personne ne pleure

Les pleurs des peines, les pleurs des doutes

Aucune âme ne se lamente.

Et pourtant elles cherchent le bonheur

Qui fuit.

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